Comme prévu, à 13h02 ce mardi 27 juin, le coup d’envoi de la Les Sables – Horta – Les Sables a été donné au large de Port Olona. Propulsés par un flux de nord-ouest soufflant mollement entre 5 et 6 nœuds, les seize duos en lice se sont alors élancés en direction des Açores avec un total de 1 270 milles à parcourir. Auteurs d’un très bon départ, Alberto Bona et Pablo Santurde del Arco (IBSA) ont été les premiers à enrouler la bouée de dégagement avant de céder les commandes à Achille Nebout et Gildas Mahé (Amarris) au moment de mettre franchement le cap au large. Le large où, très vite, les premières difficultés vont commencer à se bousculer même si ce premier acte promet de faire la part belle à la vitesse. Pour preuve, dès demain matin, une dorsale anticyclonique est prévue de jouer les trouble-fêtes dans le golfe de Gascogne. De quoi, peut-être, créer des premiers écarts significatifs au sein de la flotte !
« Les conditions météos sont vraiment favorables pour cette première étape, avec une situation anticyclonique et du vent portant. On est contents, on aime ça. On sait que ça va être du plaisir et une très belle première étape ! », relate Xavier Macaire, le skipper de Groupe SNEF qui s’attend à un premier acte rapide, certes, mais certainement pas aussi simple qu’il n’y paraît. « Bonnes conditions ne veut pas dire simple. Il va y avoir des petits pièges quand même. On va notamment avoir une zone de molle à traverser dans la journée de demain. Il va falloir composer avec les aléas du vent, des données peu fiables et certainement des surprises », annonce le Sablais. Un scénario confirmé par Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve. « Ce sera très mou car si, dans un premier temps, les coureurs vont évoluer au sud de la dorsale, ils ne vont ensuite pas avoir d’autre choix que de la traverser ». A la clé, une phase délicate, susceptible d’éclater un peu la flotte. « Ce sera important de bien négocier cette phase avant le passage de front parce qu’ensuite, ça va clairement partir vite par devant », détaille l’ancien Figariste, bien conscient que cette langue de hautes pressions sera le premier obstacle à franchir lors de ce premier round. Un round qui, s’il s’annonce tout droit ou presque, ne sera pas aussi élémentaire dans les faits que sur le papier. « Quand on a l’impression que c’est une trajectoire un peu rectiligne sans changement d’amure, c’est généralement assez trompeur. Réussir à s’extraire du golfe de Gascogne ne sera pas une mince affaire et ceux qui réussiront ensuite à attraper le front avant les autres prendront indiscutablement l’avantage », assure Corentin Douguet (Legallais) qui, comme les autres, va devoir faire preuve d’opportunisme mais pas seulement, d’ici au débordement de la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique.
Savoir faire preuve de finesse
« Il va falloir être subtil dans ses trajectoires et trouver les meilleurs compromis de route. Le jeu, dans les prochaines heures, ne va pas être très stratégique mais assez fin en termes de positionnement. Il va également falloir être pleinement concentré sur la conduite et les réglages », note Mikaël Mergui, le skipper de Centrakor, tenant du titre avec Antoine Carpentier, bien conscient, lui aussi, que les 36 premières heures de course vont peser lourd dans la balance. « Il va vraiment falloir être dessus dès le début parce qu’une fois que l’on sera au portant dans le vent fort, il y aura beaucoup moins d’opportunités de revenir, même si l’arrivée aux Açores risque d’être un moment clé lui aussi », détaille Pierre-Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) qui compte bien bousculer un peu les ténors du circuit et exploiter au mieux le potentiel de son nouveau bateau récupéré il y a tout juste quelques mois. « La concurrence est rude et la route des Açores est truffée de petits passages à niveau et de points clés qu’il ne faudra pas louper. Au final, l’essentiel sera de réussir à limiter les écarts de temps », ajoute le Normand dont les routages ont quelque peu évolué depuis hier. De fait, si ces derniers laissaient supposer une arrivée à Horta en moins de quatre jours et demi pour les premiers, ils sont aujourd’hui légèrement moins optimistes. Il n’empêche que ce premier volet pourrait malgré tout être bouclé en seulement cinq jours pour les bateaux de tête, ce qui reste extrêmement rapide et promet de la belle bagarre du début à la fin !
Baptiste Hulin (Fondation AMIPI) : « C’est la première course du projet et du bateau. Ça fait quand même quelques temps que cette date du 27 juin était marquée dans nos esprits. On a bien hâte d’aller se dégourdir les safrans surtout que c’est une course qui s’annonce assez intense. Au début, il n’y aura pas trop de vent et cela va imposer de la concentration dans les réglages. Après, un petit front va rentrer avec pas mal d’air. On va vraiment pouvoir tester tout le potentiel du bateau donc c’est cool. J’ai fait la Route du Rhum – Destination Guadeloupe sur un bout pointu. C’est ma première course sur un bateau de type scow. J’ai vraiment hâte de voir ce qu’il a dans le ventre. Ce qui est sûr, c’est qu’on a tout pour s’éclater. Ça va être super intéressant de se confronter aux meilleurs de la flotte qui sont quasiment tous là. Cela va permettre de tester plein de choses mais aussi de continuer d’apprendre car on est vraiment là pour ça. Je ne connais pas Horta. C’est une motivation supplémentaire pour arriver au plus vite et passer le plus de temps possible sur cette île. »
Kéni Piperol (Captain Alternance) : « Ça va être cool. Le format est une parfaite répétition de la Transat Jacques Vabre et la météo s’annonce sympa. On va pouvoir apprendre plein de choses sur le bateau et prendre nos marques en double avec Thomas (Jourdren). Ça va être top. Je pense que le départ va être hyper important. Les premiers milles vont être assez compliqués. Il va falloir être opportuniste. Après, ce sera tout schuss jusqu’à l’atterrissage aux Açores où ça risque d’être très mou. Il va bien falloir caler les temps de sommeil pour être frais à l’arrivée. On va essayer de se jauger et voir un peu comment on se positionne. Rien ne sera joué jusqu’à l’arrivée. C’est d’ailleurs ce qui est cool. Il va falloir bien tactiquer pour bien tirer son épingle du jeu. En ce qui me concerne, ce sera ma première fois aux Açores. Je compte bien prendre du plaisir sur ce beau parcours. »
Erwan Le Draoulec (Everial) : « Ça va être une course sympa et rapide. Un peu tactique au début avant une belle descente dans la poudreuse ensuite. C’est chouette. On va profiter de très bonnes conditions et on va se régaler. Le gros objectif de cette année, c’est la Transat Jacques Vabre. Ces derniers mois, on a fait vraiment beaucoup de modifications sur le bateau. Il sort tout juste du chantier puisqu’on l’a mis à l’eau il y a une semaine. L’idée c’est de valider ce qui a été fait et de terminer la course. S’il y a moyen de faire bien, on ne se gênera pas, évidemment. »
Olivier Gamot (Yala) : « Pour Jérôme (Ragimbeau) et moi, cette Les Sables – Horta – Les Sables est notre première course en Class40. On est encore en phase de découverte du bateau. Jusqu’alors, on a fait 600 milles à bord, pas plus. L’idée, c’est de réussir à le faire avancer du mieux qu’il peut. Au sein de la flotte, il y a quatre pointus dont nous. Cela promet un match dans le match. La météo s’annonce super mais avant tout, ce qui nous réjouit, c’est d’aller naviguer. On n’est jamais allé aux Açores, ni l’un ni l’autre. Ça va être une vraie découverte. Il y a peu, on avait encore du mal à placer l’archipel sur une carte. Aujourd’hui, on y va. C’est super excitant. Ça ne va être que du plaisir ! »
La cartographie : Cartographie (lessables-horta40.fr)
Source : LSOVCL