L’immense et majestueux fleuve Saint Laurent est sans conteste le personnage central de ces premières heures de la Transat Québec Saint-Malo, 10ème du nom. Il a, dès le départ donné à 14 heures 15 dimanche 30 juin, après un léger report dû à l’arrivée inopinée sur la ligne d’un virulent orage, dicté aux 23 Class40 en lice les conditions de son humeur. Rien d’excessif en l’occurrence, dans la mesure ou le vent de secteur Nord-Ouest, certes irrégulier en force, favorisait dès les premiers bords des allures plutôt débridées, favorables à la glisse et à la route directe. Il se montrait en revanche piégeux en diable, par le jeu de ses forts courants, et la multiplicité de ses bancs de sables et autres effets de pointes. Au terme de la première nuit de course, c’est sans trop de surprise le grand VOR 70 Atlas Ocean racing qui, grâce à un astucieux passage dans le nord de l’île aux lièvres, ouvre la route, devant un groupe toujours compact d’une quinzaine de Class40. Achille Nebout et son Amarris ne lâchent plus le leadership des monocoques de 12,18 m depuis son tonitruant départ. Trajectoires soignées, hyper réactivité aux moindres oscillations du vent passé à l’Ouest, vigilance au trafic et autres caprices du fleuve auront tenu les équipages en éveil durant ces si cruciales premières heures de course.
Quel départ !
Redoutée de tous, la phase de départ sous les plaines d’Abraham et devant Saint Romuald aura tenu ses promesses de spectacle et d’émotion pour les nombreux spectateurs massés au niveau du port de Québec. Alternant grand Spi ou gennaker, les Class40 se sont envolés derrière l’orage, aspirés par un flux de Nord-Ouest suffisamment puissant pour les aider à gérer au mieux la renverse de forts courants survenue juste avant l’île d’Orléans. Bref arrêt buffet pour toute la flotte, mis à profit pour affaler et renvoyer la toile du temps, et les leaders reprenaient leur route, toujours bâbord amure et au contact. Jules Bonnier et son « pointu » Nestenn - Entrepreneurs pour la planète rivalisaient alors avec Achille Nebout et l’équipage haut de gamme d’Amarris, Gildas Mahé et Alan Roberts, très inspirés pour placer leur plan Lombard dans les bonnes veines de courant. Si le contournement de l’île d’Orléans n’avait vu que le seul Vincent Riou (Pierreval - Fondation GoodPlanète) tenter le diable par le Nord de l’île, pour un gain très relatif, l’île aux coudres offrait en milieu de nuit à l’ensemble de la flotte l’occasion d’optionner. Et ce sont les Franco-Italiens d’Alla Grande-Pirelli qui tiraient le meilleur de leur route Sud pour damer provisoirement le pion à Amarris. Ce dernier livre depuis un combat de tous les instants pour ravir à Ambrogio Beccaria, Julien Villon et Bastian Oger le leadership des Class40.
Québec !
En approche de Tadoussac, le majestueux Saint Laurent s’étire, s’étale sur près de 30 km de largeur, et commence à prendre ces allures de bras de mer, qui auraient tiré des marins Normands du 17ème siècle cette interjection « Qué bec! », quelle baie ! Les phénomènes de renverse de courants continuent de jouer avec les nerfs des navigateurs, étirant et compressant les écarts au gré des arrêts buffets appelés pour certains, à l’image de Julia Virat (Femina Ocean Challenge), à se prolonger durant de longues heures. « Une première journée très compliquée avec beaucoup de petites casses très handicapantes. » expliquait Julia dans son message de la nuit. « On a failli s’échouer. Beaucoup de manoeuvres et pas de repos. On a jeté l’ancre pour laisser passer le courant. » Ayant repris sa route, cet équipage entièrement féminin ferme la marche à plus de 60 milles du leader.
La liste des inscrits : Transat Québec Saint-Malo - Class40
La cartographie : SoluSport (oceantracking.fr)
source: www.transatqsm.com