Le ton est donné dès les premiers milles de cette deuxième étape de Les Sables – Horta – Les Sables : place au solitaire, à la stratégie et à la régularité. À 14h00, heure française, les 23 Class40 encore en course ont quitté Horta dans un vent médium, longeant les spectaculaires falaises de l’Espalamaca avant de mettre le cap au nord-est en laissant l’île de São Jorge à tribord.
Luca Rosetti, leader au classement général, a pris un très bon départ, rapidement suivi par William Mathelin-Moreaux et Guillaume Pirouelle, tous deux bien décidés à jouer les premiers rôles sur cette traversée au format inédit. Fait marquant de ce début de course, Quentin Le Nabour (Bleu Blanc Planète Location) a croisé la route d’un baleineau, une rencontre presque ordinaire dans ce sanctuaire de la biodiversité.
Cette seconde partie de course s’annonce directe mais pas moins exigeante. Elle revêt une dimension particulière : pour la première fois, les marins affrontent en solo les 1 270 milles qui séparent les Açores de la Vendée. Un défi unique qui demande un engagement total.
La Belge Djemila Tassin ne cache pas son émotion : « C’est l’instant où l’on récolte les fruits du travail des derniers mois. Une fois qu’on est en mer, ça sera parti. Mais là, c’est le dernier moment où l’on touche à tout ce que l’on a mis en place. Et ce sont des moments qu’on ne vit pas souvent sur l’année et ils sont pleins d’émotions. Je suis là où je voulais être, et ça, c’est ce qui compte » explique-t-elle au moment de larguer les amarres.
Plus expérimenté, William Mathelin – Moreau était impatient de prendre la mer, seul à bord de « Les Invicibles » : « C’est une manière différente de naviguer, surtout sur le sommeil. On doit être autonomes de A à Z. C’est à nous de faire les manœuvres, la météo, de faire avancer le bateau. C’est très complet, et on se dépasse encore plus qu’en double. C’est un exercice différent que j’adore. »
Une étape décisive
Sur le plan sportif, les écarts restent extrêmement serrés : moins de deux heures séparent les dix premiers à l’issue de la première étape. Luca Rosetti (Maccaferri Futura) devra défendre sa position face à une flotte resserrée et affûtée.
« Il y a pas mal d’options météo possibles avec des choix très différents depuis le début. On a bien travaillé la question et on verra comment ça évolue. Il va falloir se creuser les méninges. Les écarts sont tout petits. On part pour une course décisive » analyse le Havrais Guillaume Pirouelle (Seafrigo – Sogestran), 4e au classement général.
Les prochaines heures seront donc cruciales pour la mise en place des premières options. Le suspense est total pour cette arrivée prévue dans moins d’une semaine aux Sables d’Olonne. Tous rêvent d’arriver à temps pour pouvoir assister au feu d’artifice prévu à l’entrée du chenal.
Guillaume Pirouelle (Seafrigo – Sogestran)
« On part pour une course décisive, d’autant plus qu’elle se court en solitaire. »
"La deuxième étape est plutôt indécise. Il y a pas mal d’options météo possibles, avec des choix très différents dès le début. On a bien travaillé le sujet, on verra comment ça évolue. Il va falloir se creuser les méninges. Les écarts sont très faibles. On part pour une course décisive, d’autant plus qu’elle se court en solitaire. C’est très différent."
Quentin Le Nabour (Bleu Blanc Planète Location)
« C’est une première réalisation, et une belle occasion de se jauger. »
"C’est une étape qui s’annonce compliquée. On est encore dans l’heure des choix, avec les derniers fichiers météo qui tombent. Je suis concentré sur les décisions à prendre dès le début de course. Les premières heures vont être déterminantes. C’est ma première course en solo avec ce bateau. On monte les projets pour vivre ce genre de moment. C’est une première réalisation, et une belle occasion de se jauger par rapport aux autres."
Greg Leonard (Swift)
« J’ai hâte de prendre le départ. Ce fut un super moment ici à Horta. »
"Tout va bien, le bateau est prêt. Les conditions météo s’annoncent belles, un peu lentes, mais il y aura peu de manœuvres d’après ce que j’ai vu ce matin. J’ai hâte de prendre le départ. Ce fut un super moment ici à Horta. C’est magnifique, l’île est superbe. Nous avons vu des baleines, c’était génial."
Yves Courbon (Ocean Connect)
« On est venus pour s’amuser, alors autant en profiter ! »
"Il vaut mieux rester détendu, c’est un bon moment. On est venus pour s’amuser, alors autant en profiter. Les conditions sont plutôt clémentes. La route va être longue a priori, donc je risque de rater le 14 juillet ! On a été super bien accueillis ici à Horta. Merci à l’organisation et à la ville. Je reviendrai ! La deuxième étape va partir assez vite. J’aime bien le solitaire. Les bateaux sont sécurisants, et s’il y a trop de vent, on réduit la toile."
Christophe Rateau (Gustave Roussy)
« En solo, on est face à soi-même… Il faut bien dormir pour rester en forme. »
"Je suis presque plus prêt que d’habitude. On a eu le temps de tout tester, de bricoler. Je suis plutôt serein. Ma seule crainte, c’est la durée, mais ça va aller. Cela fait un moment que je n’ai pas couru en solo. C’est ma première fois en Class40, donc ça change un peu de taille, mais j’en ai fait pas mal par le passé. Ce qu’on redoute le plus, c’est le sommeil. En double, on se soutient et on gère les avaries à deux. En solitaire, on est face à soi-même, donc il faut bien dormir pour rester en forme. On revient toujours au sommeil !"
Sasha Lanièce (Alderan)
« Ce que j’aime dans le solo, c’est de me prendre des murs et de trouver les solutions toute seule. »
"Ce départ est différent des autres. C’est une demi-transat en solo. J’en ai déjà fait, mais là, c’est la première fois en course, la première fois au large. C’est cool que la météo ne soit pas trop dure, car ce sont de gros bateaux. Elle sera technique, et ça va me faire progresser. Ce que j’aime dans le solo, c’est de me prendre des murs et de trouver les solutions toute seule. À la fin, on se rend compte qu’on est capable de faire des trucs de ouf."
Pierre-Louis Attwell (Vogue avec un Crohn)
« Je suis très content de renouer avec le solo. »
"On a de la chance : pour une reprise en solitaire, les conditions sont plutôt clémentes. Il y aura un peu d’air au départ, ce sont de belles conditions, pas trop difficiles. Il y aura des passages stratégiques et des choix de placement dans la flotte par rapport aux systèmes météo, mais je pars l’esprit tranquille. Ma dernière course en solitaire, c’était la Route du Rhum, donc ça remonte un peu. On s’est bien préparés à l’entraînement, et je suis très content de renouer avec le solo."
La cartographie : Cartographie
Source: LSOVCL / Mathieu Honoré