Il y a tout juste 7 jours, le basketteur international Boris Diaw lâchaient 79 fauves à la conquête de la Transat Jacques Vabre 2021. 45 de ces coureurs d’océans appartiennent à la Class40 et, si les conditions de vent dans la première partie de course se sont avérées des plus tortueuses, l’absence de gros coup de chien a aussi permis à la classe des monocoques de 12,19 mètres de compter encore en course l’intégralité de son si pléthorique effectif. A part le très gros temps, les 90 hommes et femmes de la Class40 ont à peu près tout connu, au point de générer de la part des observateurs nombre d’analogies avec le Tour de Bretagne, la Solitaire du Figaro et, même, un Pot au Noir en mer d’Iroise. Les favoris de l’épreuve ont, dans leur grande majorité, su et pu tirer leur épingle du jeu, évitant les passages à niveau pour entrer rapidement dans les régimes d’alizés portugais qui les ont très rapidement remis dans le rythme trépidant de la transat. L’émulation entre concurrents navigant souvent à vue a fait le reste et les étonnantes performances des unités de dernière génération éclatent depuis au grand jour. Avec 320 miles parcourus ces dernière 24 heures, le nouveau leader de la classe, Banque du Léman (Koster - Gautier) supporte sans rougir la comparaison avec certains Imoca.
7 Class40 parmi les plus récents, les plus optimisés aussi, constituent au terme de près de 1 400 milles de course avalés depuis Le Havre, le groupe de tête de la flotte. On déplore pourtant les absences de quelques outsiders dit de luxe, que l’on se surprend à retrouver dans les profondeurs du classement. Serenis Consulting, au duo de choc Galfione-Péron pointe ainsi à la 39ème place, à… 542 miles du leader! Sébastien Audigane, associé au vainqueur 2019 de la Mini Transat François Jambou (Entrepreneurs pour la planète) est 32ème. 640 milles séparent déjà les leaders du dernier du classement, E.Leclerc Ville-la Grand de la famille Magré. Mais tous ont désormais renoué avec d’intéressantes vitesses de rapprochement, majoritairement aux allures portantes et selon des trajectoires variées désormais, avec d’importants (près de 300 milles) décalages en longitude Est -Ouest.
Par le travers de Gibraltar, et alors que l’archipel des Canaries focalise un centre de haute pression moins venté, ils sont un certain nombre, depuis Groupe G2C La Martinique (Criquioche-Baray) à Everial (Thuret-Crépel) et jusqu’à Inter Invest (Perraut - Mathelin Moreaux) à se replacer d’intéressantes manières, bien décalés dans le Nord Est des 18 protagonistes de tête, tout en glissant dans un flux de Nord Est bien soutenu. La traversée des Canaries à compter de ce soir devrait nous offrir l’inattendu et singulier spectacle de bon nombre de Class40 investissant les nombreuses options de passage qu’offrent les îles de Fuerteventura, Grande Canarie, Tenerife, La Gomera, La Palma, ou El Hierro. Dévents, trafic, effets de site, trous d’air, vont peut-être favoriser un regroupement encore plus large d’une bonne moitié de la flotte. Un scenario inattendu qui, à 3200 milles de l’arrivée, rajoute au piment d’une course décidément totalement hors norme.
La perf du jour :
Avec Banque du Léman (Gautier - Koster) et son gain de 4 places ces dernières heures, avec 269 milles (310 sur le fond) parcourus en 24 heures, on loue la performance de project Rescue Ocean (Tréhin-Denis) remonté à la 12ème place avec 304 milles parcourus sur le fond.
Is ont dit :
UP SAILING Unis pour la planète : Morgane Ursault-Poupon - Julia Virat
« Le bateau file à son allure désormais préférée : au portant (le vent arrière tant convoité), à une dizaine de noeuds. Des conditions propices à la rêverie... Nous sommes encore en train de faire de l'Ouest mais ça s'oriente de plus en plus Sud et les températures montent : ça donne franchement l'impression d'avancer. Nous nous sommes installées dans un rythme à deux qui fonctionne bien (avec pas mal de fatigue tout de même car les siestes permettent moins de récupérer que les vraies nuits…) »
Milai : Masa Suzuki - Anne Beaugé
« On est comme sur un tapis volant ! Après la mer formée de ces 2-3 derniers jours, naviguer sur une mer quasi plate, juste avec un peu de houle fait l'effet tapis volant. Comme prévu le vent a bien molli, 12 noeuds environ (avec quelques nuages formes mais peu actifs) et la plus grande partie de la flotte pointe son étrave vers le sud. C'est course de tapis volants, du coup. Aladin a des crampes dans le dos a force de barrer avec la tête a 90 degreé du corps. Se préserver, ce bord va durer 1078 milles .... ! »
Redman : Antoine Carpentier - Pablo Santurde
« Aujourd'hui la mer s'est calmée, tout comme le vent. Nous venons de passer l'archipel de Madère, et le vent est passé de 20 nœuds à un petit 10 nœuds ! la mer s'est aplatie , on se croirait presque sur un lac ! C'est peut être pour ça que nos amis les Suisses sont en train de revenir sur nous à grande vitesse! Ces dernières 24 H ont été riches en manœuvres et en émotions, nous avons enfin repris la tête de flotte. La route est encore longue, très longue. La journée devrait être relativement simple direction le sud, pas de changement de bord, pas de changement de voile, un vent qui devrait se stabiliser aux alentours de 10 nks avec une direction qui ne devrait plus trop bouger. Niveau Paysage : on a vu les premiers poissons volants, la chaleur dans le bateau est agréable, dehors on doit encore mettre sa petite laine, mais je pense que d'ici un à deux jours, on pourra ranger définitivement les polaires. »
La Boulangère Bio : Amélie Grassi - Marie Riou
« Encore une chouette journée de boulot aujourd'hui, glissades et bonne ambiance à bord de la Boulangère bio. On se fait des noeuds au cerveau sur la route à suivre, on a décidé de se placer un peu plus à l'ouest que nos collègues ces dernières heures et on a hâte de voir ce que cela va donner (en attendant on cravache pour faire avancer le bateau, ce qui n'est pas forcément simple sous spi lorsqu'il reste un peu de mer comme cette nuit mais que le vent faibli)."
Samsic E. Leclerc : Simon et Yannick Kervarrec
« Tout va bien à bord de Samsic-E.Leclerc, le bateau avance correctement, même si on à la désagréable impression de se faire rattraper par ceux de derrière sans rien pouvoir faire !
Heureusement, pour se réconforter (et comme le 160 et le 115) on a des coquillettes au homard du chef 2 étoiles Ronan Kervarrec. Oui oui ! Kervarrec ! Encore une histoire de famille ! Sinon, on arrive enfin dans le chaud, et ca c'est plaisant. C'est aussi l'occasion de se laver ! Ca fait du bien après 6 jours… »
Vogue avec un Crohn : Pierre-Louis Attwell - Maxime Bensa
« La vie s'adoucie à bord de Vogue avec un Crohn, il fait de plus en plus chaud (ou de moins en moins froid plutôt). Nous sommes toujours sous spi depuis la fin du golf de Gascogne et ça c'est chouette ! Nous nous bagarrons contre Fullsafe depuis quelques jours et malgré nos efforts nous avons bien du mal à créer des écarts significatifs avec eux. Ils sont tenaces ces gars là ! En tout cas c'est chouette d'avoir de la concurrence direct, ça maintient la pression !
Si non nous avons fait notre première journée "à la cool" avec Maxime, beaucoup de pilote automatique, pas mal de siestes et de jolis surfs plus ou moins maitrisés. »
Freedom : Thibaut Lefevere - Thomas Bulcke
« Quel bonheur de toucher du vent de glisser sur les vagues au portant toutes voiles dehors, d'enchainer les empannages pour rester dans notre couloir de vent au large du Portugal. On prend même du plaisir à matosser (se balancer 400 kg de materiel d'un coté à l'autre du bateau). Les nuits sont plus douces parce qu'on a eu bien froid et les étoiles plus présentes ce qui rend les quarts de nuit plus agréables. Vous l'aurez compris le moral et bon à bord ! Nous avons enchainé 3 jours de loi de Murphy (enchainement de galeres, plus y en a plus c'est drôle). Pas le début de course rêvé d'un point de vue sportif mais nous sommes super motivés pour rattraper les copains. Heureusement cette TJV nous offre deja tant de moments intenses, de dépassement de soi, de paysages et d'instants magiques que nous ne pouvons que réaliser la chance que nous avons d'eêre là ou nous sommes (meme si il y a deux jours en cherchant les rames nous nous sommes demandés si nous allions arriver en Martinique en 2021). »
Croatia full of life : Ivica Kostelic - Calliste Antoine
« On a navigué toute la nuit avec le petit spi. On a attendu que le vent tombe pour envoyer le grand spi. C’est le seul qu’il nous reste et nous devons le ménager. Le spi « décédé » est à la morgue et Calliste va tenter une opération façon Frankenstein pour lui redonner vie. On a un petit problème d’alimentation gasoil sur le moteur. On va éviter de s’en servir et on va s’appuyer sur nos panneaux solaires et sur l’hydrogénérateur. »